Histoire de l’Éthiopie : une civilisation millénaire en Afrique
L’Éthiopie est l’un des pays les plus anciens d’Afrique et du monde, avec une histoire continue remontant à plusieurs millénaires. Située dans la Corne de l’Afrique, cette nation possède une richesse historique exceptionnelle, façonnée par des royaumes antiques, des dynasties chrétiennes, des résistances anti-coloniales et des transformations modernes. L’histoire de l’Éthiopie est unique, car elle est l’un des rares pays africains à n’avoir jamais été colonisé de façon permanente. Ce récit captivant fait de l’Éthiopie un symbole de souveraineté et de continuité en Afrique.
Les premières civilisations en Éthiopie
Les premières traces de peuplement humain en Éthiopie remontent à plusieurs millions d’années. Des découvertes archéologiques majeures comme celle de Lucy (Australopithecus afarensis), retrouvée en 1974 dans la vallée de l’Afar, témoignent de la présence des hominidés dès la préhistoire.
L’une des premières grandes civilisations éthiopiennes fut celle de D’mt, apparue vers le Xe siècle av. J.-C. dans la région de l’actuelle Érythrée et du Tigré. Cette culture avait déjà des contacts avec l’Arabie du Sud et maîtrisait l’agriculture, l’écriture et le commerce.
L’empire d’Aksoum : un âge d’or (Ier – VIIe siècle)
L’empire d’Aksoum, fondé vers le Ier siècle après J.-C., est considéré comme le berceau de la civilisation éthiopienne. Il fut l’une des grandes puissances commerciales de l’Antiquité, entretenant des échanges avec Rome, l’Inde, l’Arabie et Byzance.
Le royaume d’Aksoum est célèbre pour ses stèles monumentales, ses pièces de monnaie en or, et surtout pour son adoption précoce du christianisme. Sous le règne du roi Ezana, au IVe siècle, l’empire devient officiellement chrétien, faisant de l’Éthiopie l’un des premiers pays chrétiens du monde.
L’influence d’Aksoum décline à partir du VIIe siècle avec l’expansion de l’islam, qui isole la région du commerce international maritime.
Le Moyen Âge éthiopien et la dynastie salomonide
Après la chute d’Aksoum, le pouvoir éthiopien se déplace vers le sud. Une série de royaumes et de principautés chrétiennes s’installent sur les hauts plateaux. En 1270, la dynastie salomonide est fondée par Yekuno Amlak, qui prétend descendre du roi Salomon et de la reine de Saba.
Les rois salomonides poursuivent la christianisation du pays et construisent des églises spectaculaires, dont les fameuses églises monolithes de Lalibela, taillées dans la roche volcanique.
Ce Moyen Âge éthiopien est marqué par des affrontements avec les royaumes musulmans voisins, notamment celui d’Ifat puis l’empire Adal. Le XVIe siècle voit une guerre dévastatrice menée par Ahmed Gragn, chef militaire musulman, qui faillit renverser la monarchie chrétienne avant d’être repoussé avec l’aide de soldats portugais.
Modernisation, conquêtes et résistance à la colonisation
Au XIXe siècle, l’Éthiopie entre dans une phase de centralisation et de modernisation sous le règne de Ménélik II. Celui-ci étend considérablement le territoire éthiopien, repoussant vers le sud les royaumes Oromo et Somali.
En 1896, l’Éthiopie remporte une victoire historique contre l’Italie à la bataille d’Adoua. Ce succès militaire préserve l’indépendance du pays et fait de l’Éthiopie un symbole de résistance face à l’impérialisme européen.
Ménélik fonde Addis-Abeba comme capitale et initie la construction de routes, d’écoles et d’un réseau télégraphique.
L’empereur Haïlé Sélassié et le XXe siècle
Haïlé Sélassié Ier (1892-1975), couronné en 1930, est l’un des personnages les plus emblématiques de l’histoire de l’Éthiopie. Il tente de moderniser l’administration, l’éducation et l’armée.
En 1935, l’Italie fasciste de Mussolini envahit l’Éthiopie, marquant le début de l’occupation italienne (1936-1941). Haïlé Sélassié est contraint à l’exil, mais revient au pouvoir après la libération du pays par les forces britanniques et éthiopiennes.
Dans les décennies suivantes, Haïlé Sélassié joue un rôle majeur dans la diplomatie africaine, notamment avec la création de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) en 1963 à Addis-Abeba. Cependant, son règne est aussi marqué par des inégalités sociales croissantes.
La révolution et la dictature du Derg
En 1974, un coup d’État militaire mené par le Derg renverse Haïlé Sélassié. Le nouveau régime, d’inspiration marxiste, est dirigé par le colonel Mengistu Haile Mariam.
Cette période est l’une des plus sombres de l’histoire du pays, marquée par la répression politique, la nationalisation des terres, les famines (notamment celle de 1984-1985) et la guerre civile. Le “Terreur rouge” entraîne des dizaines de milliers de morts.
Le Derg est finalement renversé en 1991 par le Front démocratique révolutionnaire du peuple éthiopien (EPRDF), une coalition de mouvements rebelles.
L’Éthiopie contemporaine : fédéralisme et tensions politiques
Depuis 1991, l’Éthiopie est devenue une République fédérale, composée d’États régionaux basés sur des critères ethniques. Le pays a connu une croissance économique importante dans les années 2000-2010, devenant l’une des économies les plus dynamiques d’Afrique.
Cependant, cette organisation ethno-fédérale a aussi entraîné des tensions et des conflits, notamment dans les régions du Tigré, de l’Oromia et de l’Amhara.
En 2018, l’arrivée au pouvoir du Premier ministre Abiy Ahmed marque une tentative de réforme et de réconciliation. Il reçoit le prix Nobel de la paix en 2019 pour avoir signé un accord de paix avec l’Érythrée. Malgré cela, la guerre du Tigré (2020-2022) a ravivé les divisions internes.
Conclusion
L’histoire de l’Éthiopie est celle d’une nation profondément enracinée dans la tradition, mais aussi tournée vers l’avenir. De l’empire d’Aksoum à l’Éthiopie moderne, le pays a su préserver son identité et son indépendance malgré les pressions extérieures et les crises internes. Aujourd’hui, l’Éthiopie continue de jouer un rôle central dans la Corne de l’Afrique, entre mémoire historique et défis contemporains.